Dans la Métropole, 22 communes ont eu des réponses au grand questionnaire « Baromètre des villes cyclables » de la FUB. Celui-ci avait pour but de prendre connaissance des points forts et des points faibles par commune de pratique vélo, des profils des répondants et des préconisations les plus citées, ainsi que des commentaires et points noirs :

  • mieux cerner les attentes des cyclistes
  • effectuer un diagnostic de chaque ville
  • relever les points de blocage à la pratique du vélo sur chaque territoire

La Fub précise :

Les résultats de l’édition 2017 du Baromètre des villes cyclables sont sans aucune ambiguïté : les villes françaises ont des efforts significatifs à faire pour permettre à leurs habitants de se déplacer à vélo confortablement et en sécurité. La future Loi d’orientation des mobilités doit donner une impulsion nationale aux politiques cyclables locales. En particulier, le Plan vélo annoncé par la Ministre des Transports doit inciter les villes de France à enfin investir sérieusement dans les infrastructures cyclables.

Dans sa catégorie (ville de 100 à 200000 habitant), Rouen se classe 18ème sur 31, loin derrière Caen (6ème) et Le Havre (7ème) avec 2.83 (climat « plutôt défavorable »). Quant à Sotteville-lès-Rouen … avant-dernière du classement des villes de sa catégorie et du classement total ! (moins de 2 = « très défavorable »)

Même si chez nous les points faibles sont donc beaucoup plus nombreux que les points forts (voir les détails ici) , … tout reste donc à faire pour la Métropole et les communes !
On pourra utilement et pour comparaison jeter un œil aux résultats des autres villes françaises (et nos voisines normandes qui font mieux) de taille équivalente, pour mesurer les différences qui nous séparent…
En espérant que ces données précises et précieuses sur les attentes des cyclistes de l’agglo (et particulièrement les usagers du secteur rouennais), leurs commentaires, leurs besoins et préconisations, et ceci avec une vraie concertation avec les usagers et l’expertise des associations, aide à former un socle solide pour une (enfin) vraie politique cyclable sur notre territoire.

(voir aussi un article Paris-Normandie : « La Métropole de Rouen [Cyrille Moreau, Élu à Rouen et vice-président] réagit au Baromètre des villes cyclables » )

Le palmarès national (catégorisé par taille de ville) : on remarque que la plupart des « gagnants » le sont grâce soit à leur ancienneté de prise en compte du vélo (La Rochelle dès 1976!) ou de leurs efforts (Dijon avait obtenu le … « clou rouillé » de la Fub en 2000!). Accessoirement le relief vallonné n’est pas une excuse (cf Chambéry et Grenoble).

Géographiquement, comme le résume Olivier Razemon :

« Sur la carte de France (en haut de page), au-delà des performances de chaque ville, on distingue des tendances régionales. La proximité de l’Atlantique ou celle d’une frontière, à l’est, boostent le vélo, tandis que la Méditerranée et le bassin parisien sont à la traîne. Et au milieu, on distingue parfaitement la « diagonale du vide » qui court des Ardennes aux Pyrénées, selon les géographes. »


Méthodologie :

Les participant·e·s ont répondu, d’une part, à  une série de 25 questions « fermées » (à noter de 1 à 6 : de « pas du tout » à « tout à fait », soit plus de 1000 participants à l’enquête dans le périmètre de la métropole), et ont, d’autre part, laissé sous forme de commentaires des avis à deux questions « ouvertes » :

Q1 «Selon vous, quel est l’endroit le plus problématique pour les vélos dans votre ville ?»
Q2 «Avez-vous des commentaires à ajouter sur la situation de l’usage du vélo dans votre ville ?»)

Pour celles-ci plusieurs remarques étaient autorisées pour chaque question et 860 personne y ont répondu dans l’agglo.

Un autre questionnaire proposait de se classer en fonction de son usage/motif, son niveau de pratique, sa tolérance au trafic et de sa fréquence d’utilisation, ainsi que âge et genre.
Enfin on a demandé de répondre à une dernière question concernant des mesures de  « préconisations [en tant qu’] usagers pour améliorer la situation »

(A noter en complément que la Métropole avait fin 2016 initié une carte collaborative qui avait reçue plus de 1000 contributions à la question « Où et comment rendre plus facile la pratique du vélo ? » (géolocalisées sur une carte) via un site Internet du dispositif de concertation mis en place pour le PLU)

Les résultats nationaux et locaux détaillés sont à consulter sur cette page


Le détail de questions précises a été analysé statistiquement par la FUB pour les communes ayant eu plus de 50 réponses uniquement (pour les communes ayant eu moins de 50 réponses, seules les commentaires ont été analysées par nos soins) . En Normandie, Rouen a enregistré 828 réponses (soit 7,4 / 1000 habitants); la participation a été plus forte à Caen et décevante chez nos voisins du Havre.
L’autre seule ville en Seine-Maritime et dans notre agglo, qui est présente dans le résultat et ayant eu un nombre suffisant de réponse est celle de Sotteville-lès-Rouen.

Les communes suivantes de la Métropole ont eu également des réponses :

  • entre 15 et 30 réponses : Mont-Saint-Aignan, Le Petit-Quevilly et Mesnil-Esnard
  • entre 10 et 15 : Déville-les-Rouen, Saint-Etienne-Du-Rouvray et Darnétal
  • moins de 10 : Grand-Quevilly, Maromme, Notre-Dame-de-Bondeville, Le Trait, La Londe, Oissel, Bonsecours, Franqueville-Saint-Pierre, Saint-Leger-du-Bourg-Denis, Petit-Couronne, Saint-Aubin-Celloville,  Elbeuf, Saint-Aubin-les-Elbeuf et Caudebec-les-Elbeuf.

Pour Rouen

Les répondant·e·s :

les chiffres laissent entrevoir une pratique habituelle du vélo : presque 60% des répondant·e·s l’utilisent tous les jours, les 3/4 pour se rendre au travail ou à l’école et pour des motifs utilitaires. Pour 74%, « être séparé-e de la circulation motorisée » est important ou très important. Le panel est assez jeune avec plus d’un tiers de moins de 35 ans.

Réponses aux questions Points forts / points faibles :

Les résultats ne sont vraiment pas bons …
Seules trois questions obtiennent une réponse positive :

  1. Trouver un magasin/atelier de réparation vélo est facile > l’effet Guidoline, même si globalement les vélocistes se font rares dans l’agglo)
  2. les rues en sens unique sont ouvertes à double-sens pour les vélos (DSC) > ce point sera précisé via les commentaires « point noir » : les DSC sont plébiscités mais beaucoup de remarques sur leur praticabilité et la cohabitation avec les automobilistes  et stationnements sauvages
  3. Louer un vélo pour quelques heures ou pour plusieurs mois est facile > étonnante réponse, quand on sait qu’il n’est quasi plus possible, contrairement à plusieurs autres agglos comparables, de louer en moyenne et longue durée suite à l’abandon des locations « Vélor » par la Métropole . Les répondants ont probablement interprété la question en pensant au système de vélo en libre service « Cyclic » de la ville de Rouen, (qui d’ailleurs est circonscrit au périmètre de la commune)

 Le reste des points est évalué négativement, voire sévèrement pour certains. On citera des points qui devraient être primordiaux pour une vraie politique cyclable comme :

  • la possibilité de circuler à vélo en sécurité sur les grands axes et de traverser les carrefours, le réseau d’itinéraires cyclables en général (ces points seront confirmés dans les réponses aux questions ouvertes)
  • le respect par les conducteurs des véhicules motorisés et le stationnement motorisés sur les itinéraires cyclables (dans les derniers du classement sur ce point), avec un écart a la moyenne des autres villes important
  • [détail ci-dessous]

Commentaires et points noirs :

Nous avons analysé les réponses données à la question «Selon vous, quel est l’endroit le plus problématique pour les vélos dans votre ville ?» : 671 personnes ont formulés chacune plusieurs commentaires pour le secteur de Rouen, qui détaillent et confirment les résultats précédents  :

Près d’un tiers d’entre elles y mentionne les difficultés qu’elle éprouvent sur les boulevards du centre rive droite (particulièrement le boulevard des Belges) et celui de l »Europe, tant au point de vue de la circulation que de la traversée de ceux-ci. Une personne sur 5 regrette le manque ou le mauvais aménagement quant aux liaisons avec les communes voisines de la rive gauche, de l’axe est-ouest  ou des plateaux (l’aménagement de la côte de Neufchâtel est majoritairement citée dans ce cas), une sur quatre regrette les discontinuités cyclables et les intersections/traversées pas ou mal traitées.

Une personne sur cinq mentionne la problématique des voies Teor interdites sur l’axe est-ouest, les quais hauts rive droite ne sont pas pour eux une solution, comme toutes les « pistes » sur trottoir compte tenu du conflit avec les piétons et des intersections mal pensées. Les ponts et leur accès sont souvent cités (particulièrement le pont Corneille), ainsi que les problèmes avec les automobilistes, notamment les stationnements sur les bandes et DSC. Ces derniers, bien que plébiscités dans les résultats précédents, sont critiqués quant à leur véritable accessibilité.
Quant aux autres rues particulières citées, la majorité cite les accès haut et bas à la gare SNCF et la rue Jeanne d’Arc, les secteurs rue et place Saint-Hilaire, Saint-Sever, rue d’Elbeuf/Lafayette et particulièrement toujours les intersections et conflits automobiles et bus. Une carte des points noir à consulter sur ce lien

  •  (*) gcum = « garé comme une mer**  » stationnement automobile sur piste/dsc/trottoir etc 

Préconisations :

Au vu des réponses ci-dessus, il n’est pas étonnant de constater le top 5 des préconisations des usagers pour « améliorer la situation » ; ils demandent donc :

  1. Un réseau cyclable complet et sans coupures pour … 82 % d’entre eux !
  2. Des itinéraires directs et rapides 56 %
  3. Faciliter le transport des vélos dans les transports en commun 35 % (très supérieur aux taux de Caen et Le Havre et plus fort taux de France !)
  4. Entretenir les aménagements cyclables 32%
  5. Limiter le trafic motorisé en ville 31%

Une comparaison Rouen/Caen/La Havre, qui permet de déceler là où nous sommes « moins bon » que nos voisines ( particulièrement sur la sécurité grands axes » et les stationnements sur aménagement cyclable par les motorisés, également la sécurité enfant/pers.agées et la gestion des travaux et les aménagements/sécurité en général.


 

Pour Sotteville-lès-Rouen

Les répondant·e·s :

Ils sont un peu plus âgés qu’à Rouen, la pratique de ceux-ci est cependant tout aussi régulière (60% tous les jours), 2/3 pour un motif travail/école et plus de 80% pour les motifs utilitaires. Plus des 2/3 estiment également important ou très important d’être « séparé-es de la circulation motorisée« .

Réponses aux questions Points forts / points faibles :

Les appréciations pour cette commune de 30000 habitants (avec une population très « vélo-friendly »), et seule à avoir eu un grand nombre de réponses dans l’agglo, sont … catastrophiques (qui s’en serait douté, au vu de la quasi absence d’aménagements ici) : aucun point positif ! Les commentaires confirmeront largement ces mauvais résultats :

  • Les « Points faibles » sont sévèrement notés, notamment l'(in)action de la mairie en matière de politique et d’aménagements cyclables : elle ne fait pas d' »efforts en faveur du vélo »,  n’est pas « à l’écoute des besoins des usagers du vélo », sans communication …
  • Les aménagements a minima ont pour conséquences ces très mauvaises appréciations sur le réseau d’itinéraires cyclables, ni confortables, ni entretenus, les déplacements en général et l’absence totale de doubles sens cyclables
  • [détail ci-dessous]

Commentaires et points noirs :

Le manque criant d’aménagement sur le territoire de la commune est quasi-unanimement souligné. Les grands axes structurants de Sotte ville, comme la rue de Paris, la rue Pierre Corneille ou l’avenue du 14 Juillet, sont jugés sévèrement à cause de leur non entretien et leur dangerosité (racines,…). D’autres grands axes sont souvent cités : rue Léon Salva (qui a été refaite récemment sans traitement cycliste), les abords de l’hôtel de ville /Garibaldi. Les liaisons avec les zones industrielles, Eauplet, Quatre Mares, les ponts SNCF et les liaisons avec la ville de Rouen sont quasi unanimement décriées pour l’état de leur voirie ou leur entretien hasardeux. Aucun double sens cyclable à Sotteville également !
Il ressort des commentaires une grande lassitude des cyclistes devant le peu d’intérêt que la ville accorde à la place du vélo, qu’ils considèrent globalement comme quasi-nulle… La patrie sportive de Jacques Anquetil, qui envers et contre tout continue pourtant de concentrer une belle part de cyclistes du quotidien de l’agglo, est bien maltraitée  ….

Une carte des points noir à consulter sur ce lien

Préconisations :


Pour l’ensemble des 22 communes de la métropole ayant répondu  :

Commentaires et points noirs :

Voici le top 10 :

  1. les aménagements cyclables, quand ils existent, ne sont pas adaptés : ceux qui sont réalisés sur trottoir mettent les cyclistes et les piétons en conflit; ils présentent des coupures et sont discontinus; ils sont en mauvais état et/ou pas entretenus; ils ne sont pas séparés de la chaussée et du stationnement automobile; la présence de potelets ou de barrières rend le passage difficile voire impossible sans descendre de vélo par endroit…
  2. il est nécessaire de mettre en place des aménagements reliant Rouen à l’ensemble de sa périphérie, et de périphérie à périphérie, de manière continue, sécurisée, afin de pouvoir se rendre sur son lieu d’études, de travail, de pouvoir se déplacer au quotidien.
  3. il existe un fort sentiment d’insécurité et de dangerosité à circuler dans la métropole.
  4. la cohabitation est difficile avec les autres usagers de l’espace public : les pistes sur trottoir mènent au conflit avec les piétons, les couloirs bus mènent au conflit avec les chauffeurs de bus, les bandes cyclables mènent au conflit avec les automobilistes…
  5. la circulation sur les voies TEOR devrait être autorisée puisqu’il n’existe pas d’alternative cyclable pour traverser la ville de Rouen d’est en ouest.
  6. il n’existe pas d’aménagements des pentes pour se rendre sur les plateaux et il n’est pas possible de mettre son vélo dans le bus à des heures « normales » afin de faciliter la montée.
  7. les chaussées sont dans leur ensemble dégradées et pas entretenues.
  8. le manque de volonté politique est cité pour l’ensemble de la métropole, avec une forte récurrence pour Sotteville-lès-Rouen.
  9. les aménagements cyclables ne sont pas respectés : stationnement de véhicules sur les bandes. Les cyclistes ne sont pas respectés non plus, certains automobilistes ne laissant pas une distance suffisante lors des dépassements.
  10. la place de la voiture doit être reconsidérée : elle est trop souvent prioritaire sur les autres modes, elle occupe trop de place, la vitesse des véhicules est excessive.

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