Les chiffres publiés par l’Insee se basent sur les données du recensement de la population de 2015 qui comporte un volet sur le mode de transport habituel et principal pour se rendre au travail (nota: ceux-ci ne rendent donc pas compte de la multi-modalité ni modalité changeante dans l’année ).
Et pour la première fois, en 2015, les répondants peuvent indiquer s’ils utilisent le vélo. Jusqu’à présent, il n’existait qu’une seule catégorie pour le vélo et le deux-roues motorisé.

Ces chiffres rendent compte d’une situation contrastée selon la région ou le type d’environnement urbain … et l’aménagement mis en place par les collectivités.

Partir de bon matin, à bicyclette… (étude Insee nationale) :

En 2015, 2 % des actifs ayant un emploi vont travailler à vélo. Ce mode de transport est bien moins utilisé que l’automobile, largement prédominante, les transports en commun ou la marche, mais il fait jeu égal avec les deux-roues motorisés. Ses adeptes parcourent quelques kilomètres entre leur domicile et leur lieu de travail. Ils résident plutôt dans les villes-centres des grands pôles urbains. Les départements les plus urbanisés sont ainsi ceux où le recours à ce mode de transport est le plus important. L’utilisation du vélo pour aller travailler varie peu en fonction de l’âge, contrairement aux autres modes de déplacement. Les femmes vont moins souvent travailler à bicyclette que les hommes, tandis qu’elles empruntent plus fréquemment les transports en commun. Les cadres et les diplômés du supérieur recourent plus à ce mode de déplacement que les autres actifs. Les étrangers européens résidant en France conservent des habitudes très proches de leur pays d’origine.


Aller travailler à vélo, une pratique encore peu fréquente en Normandie (Insee Normandie) :

En Normandie, en 2015, 1,2 % des actifs vont travailler à vélo, contre 1,9 % à l’échelle nationale. La voiture reste, de loin, le mode de transport privilégié. De plus, quand la distance domicile-travail permet d’utiliser un mode de transport doux, la marche est souvent préférée au vélo. Celui-ci est surtout utilisé par les actifs résidant dans les zones urbaines. Comme au niveau national, l’usage de la bicyclette est plus masculin, et dépend peu de l’âge. En Normandie, cette pratique dépend moins du niveau de diplôme et du groupe social qu’au niveau national.

Rouen derrière Caen dans la pratique du vélo (Paris-Normandie) :

Pour expliquer un tel écart, Jean-Christophe Fanouillet [Insee] avance des hypothèses : « Il y a la géographie, le relief. Il y a aussi des histoires d’équipement : à Rouen, il y a peu de stations de vélos en libre-service, et l’arrêt du service de location de la Métropole a pu jouer aussi… » Reste que, selon Jean-Christophe Fanouillet, l’intégration du vélo est devenue « une priorité pour les pouvoirs publics, avec pour objectif la diminution des émissions de gaz polluants. Cette étude est une photographie qui va aider les décideurs. Il sera intéressant d’en faire une autre dans cinq ans, pour mesurer l’évolution. » Et voir si Rouen a rattrapé son retard.

Quelques autres articles et analyses :

  • Qui sont les 2 % de Français qui vont au travail à vélo ? même pour des courts trajets. Ce sont surtout des hommes, cadres, habitant en ville. (LesDécodeurs – Le Monde) :
    « même sur un trajet de moins d’un kilomètre, plus de la moitié des Français choisissent la voiture (58 %), suivi de la marche à pied. Le vélo ne représente que 4,3 % des déplacements courts. »
  •  Un demi-million de Français pédalent pour aller travailler  (Libération) où l’asso Paris en Selle pose les bonne questions: « il y a tout d’abord la question des infrastructures cyclables «souvent de mauvaise qualité, voire inexistantes, or ces conditions peu rassurantes excluent les usagers les moins enclins à la prise de risque.» Il pointe par ailleurs «une vraie discrimination territoriale : on ne propose pas d’infrastructures aux habitants des banlieues. Plutôt que de constater que le vélo est un moyen de transport de bobo, peut-être faudrait-il formuler l’hypothèse inverse : réserve-t-on le vélo aux Parisiens ? La question de la volonté politique est déterminante, elle peut créer de l’égalité. Aux Pays-Bas par exemple, le profil des usagers est plus paritaire».
  • « Vélo-boulot = mollo » (Isabelle et le Vélo)
    […] en France 1,9% des personnes qui travaillent vont à vélo au travail, soit une personne sur vingt. Au Danemark c’est une personne sur cinq (20%) et aux Pays-Bas c’est une personne sur quatre (25%).
    Le bon résultat de Strasbourg avec ses 16% d’actifs à vélo peut être mis en parallèle avec les villes néerlandaises d’Amsterdam et d’Utrecht où le nombre de personnes se rendant au travail à vélo, qui est en augmentation, a atteint les 40%.
    Sans vouloir atteindre ces situations, il convient de reconnaître que l’écart pourra être réduit en France… Cela nécessitera sûrement des moyens financiers, mais avant tout des décideurs motivés et convaincus. Est-ce un hasard si 63% des parlementaires danois font du vélo pour aller au travail … ?
  • Strasbourg, Grenoble, Bordeaux sacrées capitales du vélo (L’interconnexion n’est plus assurée – Olivier Razemon) :
    « point commun de ces trois villes : leurs maires connaissent le sujet transports dans les détails, sont capables d’en parler longuement et précisément, ce qui n’est pas le cas de la plupart des élus […] Toutes les villes figurant dans le top 10 disposent d’un système de location de vélos. Mais quatre d’entre elles ont renoncé au « libre-service » classique, Velo’v lyonnais ou Vélib’ parisien. Quatre villes, donc, ont opté depuis longtemps pour la location de longue durée, qui permet à un utilisateur d’emprunter un vélo pour la journée ou plusieurs mois, un système bien moins coûteux que le Velib’ »
  • Études régionales sur l’usage du vélo dans les mobilités professionnelles pour d’autres régions (Insee)